Les textes sont de Danielle CHEVALIER. Merci Merci Merci.

L’automne a dénudé les branches des arbres. La vie se retire, sur tapis de feuilles au teint cuivré. Une pluie fine s’amollit, goutte à goutte, dans un parfum de campagne.

Où tomberont les prochaines gouttes ?

Au parc des eaux vives, l’étang se dore avant que le jour se recroqueville. L’automne enflamme les feuillages des arbres de ses berges avec des lueurs rousses qui se voient dans l’eau tremblante.

Le Léman a passé la journée dans une lumière plus blonde que le miel.  Au couchant, la brune lui a volé ses couleurs vives en enveloppant ses épaules d’un froid tenace.

L’Oise, habituée au grand silence, joue à « ciel renversé ». Ses bords boisés ont comme une seconde vie dans le miroir de l’eau.

Je bulle…

Tu bulles…

Il bulle...

Nous bullons….

Petite feuille en couleur sur les eaux sombres du Léman, tu te cramponnes à la surface, craignant qu’une vaguelette t’emporte dans son élan.

Toile d’araignée blanche de rosée. On entend, de loin venu, la chanson d’un vieil âge dans le jour qui point. L’araignée ne tardera pas à consolider les attaches de sa maison.

Le ruisseau écoute parler les arbres qui le surplombent. L’eau frôle les coins d’ombre et les feuillages sont pleins de bruit. Corrèze, un sentiment de liberté.

Resserré de froidure, le Léman s’enfonce dans le sommeil La glace l’a pétrifié, plus lourde que l’eau. Qui saurait répondre de l’heure qui viendra ?

Les mats des bateaux impriment leurs reflets sur les eaux du Léman Poussé par la lourdeur du temps, un soleil brun s’étale à plat ventre sur le lac.

En Corrèze, le ruisseau descend en bonds sur le dos nu des rochers. Parfois il s’étrangle. Il court à la rencontre du premier rayon de soleil. Le temps est doux, le silence immobile.

En Corrèze, l’étang de Chaumeil scintille de reflets dans la chaleur étouffante de l’été. La pluie chatouillée son eau en surface, dessinant des cercles éphémères comme des heures d’une autre vie.

Le flot mouvant de l’Oise, d’une  élasticité  fraiche, flirte avec les herbes d’ombre, les chemins de racine et les arbres aux troncs cirés par l’usure.

Texte de Myriam Israelian

L'eau s'écoule comme le temps qui passe
Laissant glisser les souvenirs
Mais la mémoire garde des traces
Qui sont gravées dans l'avenir
Quelques maillons entrelacés
Se sont figés dans l'onde claire
Échappés de chaînes brisées
Regards sur notre imaginaire